Sandy El-Bitar sait ce qu’il faut faire pour ne pas se laisser abattre. Son père est mort à la veille de l’immigration de sa famille du Liban, elle a travaillé dans le domaine des soins palliatifs et, en tant que thérapeute dramatique, elle passe ses journées à aider les gens à faire face à leurs problèmes émotionnels. Mais Sandy est aussi humoriste ― et au lieu de fuir la douleur de la vie, elle pense qu’il y a quelque chose de beau à en trouver l’humour.
(Musique)
Sandy El-Bitar :
Notre sens d'humour, c'est comme une adaptation; comment vivre avec tous, tous ces défis et avoir le fun en vivant, tout simplement.
Philip Moscovitch :
Vous venez d’entendre Sandy El-Bitar, comédienne, thérapeute dramatique et immigrante libanaise. Elle a le talent de regarder le côté sombre de la vie… et d’en rire.
Nous entendrons l’histoire de Sandy, autrefois étudiante en théâtre et clown d’hôpital, aujourd’hui thérapeute et humoriste vivant à Montréal.
(Fin de la musique)
Philip :
Bienvenue à D’Innombrables voyages. Je suis votre animateur, Philip Moscovitch. Pour cette saison, le balado a choisi de se pencher sur l’humour. Si l’on y réfléchit bien, l’immigration comporte tout son lot d’humour : des confusions linguistiques aux moments de déboussolement total.
Dans cet épisode, nous présentons ma conversation avec Sandy El-Bitar, autrefois, comme adolescente, étudiante en théâtre et clown d’hôpital au Liban, aujourd’hui thérapeute et humoriste à Montréal.
La vie de Sandy pourrait vous faire entrevoir une certaine tragédie, une dislocation. Le genre de choses qui peuvent conduire à des années de thérapie.
Je pense, par exemple, à la mort de son père, à la veille de l’installation de la famille au Canada en 2009. Elle n’avait pas encore 20 ans. Mais elle peut rire de l’inconfort, de la douleur et de la tristesse qui font partie du lot de l’être humain.
(Musique)
En fait, elle considère qu’il s’agit là d’un aspect essentiel de ce que c’est, être humain.
Sur scène, Sandy fait preuve d’un peu d’audace, mais aussi de vulnérabilité, encourageant le public à rire avec elle. Même si cela les met un peu mal à l’aise. Même lorsqu’elle fait des blagues sur la maladie, la mort ou la douleur.
Ça, c’est parce que Sandy croit en l’humour. Il ne s’agit pas de « vivre, rire, aimer », le genre d’approche qui pousse à détourner le regard de la douleur ou à l’ignorer. Non. L’approche de Sandy - dans la comédie et dans son travail de thérapeute dramatique - est de reconnaître les défis et les choses qui sont vraiment, vraiment, simplement nulles dans la vie, et d’en rire quand même.
En plus de ma conversation avec Sandy, nous verrons également une partie de son numéro sur scène, enregistré lors d’un spectacle de stand-up qu’elle a produit en février 2024. Le spectacle était en anglais, et s’intitulait « Not for laughs: Un spectacle d’humour pour les gens qui ne vont pas bien ».
(Fin de la musique)
Sandy :
Mon chat est à côté de moi. J'étais en train de lui demander de quitter. OK, leave. Cool.
PM :
Tu t’es décrite comme une thérapeute dramatique, une artiste pluridisciplinaire, une humoriste et une activiste communautaire. Mais d’après ce que j’ai compris, tout a commencé quand tu as fait le clown dans un hôpital de Beyrouth. Comment en es-tu arrivée là? Comment une ado devient-elle clown à l’hôpital?
Sandy :
Alors, quelques années avant notre émigration au Canada, j'étais encore une étudiante. J'étudiais le théâtre à l'Université libanaise et j'avais un ami qui euh, un ami proche qui un jour me dit Sandy, après 12 h, je m'en vais faire une entrevue parce qu’il a entendu, il avait une entrevue pour ce nouveau programme qui va lancer. Un programme de docteur clown. Puis il m'a expliqué qu’ils vont former quelques artistes pour qu'ils font des visites de clown à l'hôpital. La formation sera une formation de clown. Une formation avec un clown thérapeutique qui travaille déjà à l'hôpital en Italie, et une formation avec les infirmières et un psychologue pour mieux décrire l'expérience vécue des personnes malades, l'étiquette de l'hôpital, l'hygiène et tout. Et la formation de clown, qui est plus artistique et créative. Alors juste le fait qu'il m'a dit, qu'il m'a raconté de sa projet, ça m'a tellement intéressé. Je lui ai dit ok, je m'en vais avec toi à l'entrevue.
Philip :
Mais tu n’as pas eu d’entrevue, toi? Tu t’es juste pointée?
Sandy :
Les personnes responsables de ce projet n'avaient aucune idée que je vais me présenter à cette entrevue, mais je l'ai fait parce que je pensais que ok, this is really interesting, je suis sûr que j'ai quelque chose à offrir là bas. Je suis allé à l'entrevue et ils ont pris douze personnes de toutes les personnes qui ont appliqué. Et j'étais une de ces douze personnes. Puis on a passé une formation, plusieurs formations, et ils ont gardé six docteurs clown. Nous étions les premiers docteurs clown au Liban. Je pense que c'est un des emplois ou de travail que j'ai fait qui m'a touché le plus, et c'était tellement satisfaisant que ça a sculpté mes besoins créatifs, mes désirs. Ça m'a vraiment touché au fond, parce que je trouve que tout ce que j'ai fait dans ma carrière après, c'était vraiment relié à ce besoin ou cette joie ou satisfaction de jouer dans les places inappropriées. Alors de jouer avec la mal, la maladie et rire et apprivoiser la souffrance ou apprivoiser la douleur. Je ne sait pas comment tout à fait l'expliquer, mais ça vous donne comme se sens de rebelle. Et une révolte contre ce qui nous fait du mal.
Philip :
Comment la formation s’est-elle déroulée? Qu’est-ce qu’elle t’a appris sur le rire?
Sandy :
La formation de docteur clown étaient tellement amusante. Les exercices, les improvisations tu sais, ça m’a, ça m’a allumé. Juste, toutes mes senses était tellement présentes juste parce que c'était vraiment fun, you know? On va jouer dans des situations avec quelqu'un qui est peut-être vraiment malade ou qui se sent pas bien. Dans notre formation, on avait des visites où on observait un autre docteur clown. Alors c'était mon formateur. Il s'appelle Rodrigo Morganti. Il est un homme vraiment, vraiment spécial.
Philip :
Écoute, j’ai déjà été hospitalisé, parfois pendant deux semaines, et même si c’est un environnement stressant où on s’inquiète de son état, je peux comprendre qu’il y ait aussi de la place pour l’humour. Nous sommes si vulnérables que nous nous trouvons dans des situations éloignées de notre vie quotidienne, où des étrangers surveillent nos fonctions corporelles ou nous réveillent au milieu de la nuit. Des gens que vous ne connaissez pas regardent votre corps nu… (rire) Raconte-moi ce que tu as ressenti la première fois que tu es entrée dans une chambre d’hôpital en tant que docteur clown.
Sandy :
Alors, première visite c’était plutôt moi en train d’observer son travail. Il y avait un autre clown, docteur clown qui l’accompagnait. Mais la première fois que j'étais à l'hôpital, l'excitation, sérieusement, et la joie que j’ai senti, juste le fait d'être dans une chambre et en train de jouer avec eux, avec cette permission de jouer dans cette place-là. C'était tellement touchant. Je me souviens vraiment de l'énergie, comment l'énergie de toutes l’étage a changé après la visite parce qu'on jouait pas juste… Alors comme docteur clown, ce qu'on faisait, on rentrait dans les chambres des patients, on avait une idée de ce qu'ils ont. Alors on demandait l'infirmière avant de rentrer dans la chambre, s'il y a quelque chose spécifique, on doit savoir s'ils ont bien dormi ou par exemple, disons, une opération aujourd'hui, ou s'ils sont inquiets. Alors on demande permission de rentrer dans la chambre. Et dans la chambre, c'est une improvisation et un jeu tout à fait offert pour le patient. Alors, je ne suis pas là-bas en train de performer pour moi même, pour montrer comment je suis drôle. Non, le jeu est pour donner la puissance, pour habiliter le patient, pour lui donner du pouvoir et la force, pour qu'ils sachent qu'ils sont capables de jouer avec moi.
Philip :
Après ton arrivée au Canada, tu as obtenu un diplôme d’études en loisirs,
Sandy :
Oui.
Philip :
Tu as travaillé dans le domaine des soins de longue durée et des soins palliatifs, et continué à apporter de l’humour dans des contextes similaires, n’est-ce pas?
Sandy :
Mm-hm.
Philip :
Mais comment faire des blagues dans ce genre de contexte? En as-tu un exemple?
Sandy :
Yeah, for sure. OK. Ça, c'est une histoire que j'aime beaucoup. C'est passé dans une maison de retraite. Il y avait un patient qui était vraiment à la fin, il avait un cancer qui est retourné plusieurs fois. Et le moment où cette histoire s'est passée, monsieur était au lit tout le temps. Il ne mangeait plus, en douleur tout le temps, chaque fois que je le voyais. Je fais des visites dans les chambres de mes résidents. Alors chaque fois que je l'ai visité, il était tellement fâché. Il était fâché contre Dieu. Pourquoi il ne l'a pas pris encore? Il ne voudrait vraiment plus vivre comme ça. Mais il est encore vivant.
Alors, je l’ai visité et ce jour-là, j'étais dans sa chambre et son enfant était présent aussi. Et je rentre à la chambre. Il y avait tellement de tension dans cette chambre, et les deux discutaient des, des factures du câble. Il discutait, une conversation tellement intense. Et je ne comprenais pas beaucoup qu'est ce qui s'est passé. Mais je suis rentrée dire allô aux deux. On se parlait un peu, et quand j'étais présente avec eux, monsieur, mon patient à la résidence, a péter, et ça sentait vraiment, really really bad. It smelled so bad. Alors quand j'ai remarqué là, l'odeur qui était horrible sans penser, comme une réaction je lui ai dit, "Oh my God! The time has come, your soul is leaking!"
Philip :
Comme si l’odeur était son âme qui a commencé à fuir.
Sandy :
J'ai aucune capacité de traduire cette phrase, mais juste ce que j'ai dit, son enfant à commencer à rire et lui, même avec toute la douleur, il était en train de rire et à cause du rire, il a passé plus de gaz, and it smelled so bad, it smelled so, so bad, et on a commencé à rire, nous trois. Et avec l'odeur j’était en train de lui dire "Come on! You can do it! Please don’t kill me before you die!"
(Musique)
Ça a changé vraiment l'énergie dans la, dans la chambre. On riait nous trois, c'était des fous rires et les larmes ont commencé à couler sur mon visage, sur mes joues. Et ce moment-là était, vraiment était un moment tellement précieux pour l'enfant. Je dis enfant, mais ce n'est pas un enfant, c'est un grand monsieur. His son, son fils. Je veux dire son fils. Parce que monsieur était mort deux jours après cette rencontre. Mais c'était un moment qui était tellement précieux pour eux de passer à cet, à ce moment absurde et drôle en même temps.
(Fin de la musique)
Sandy sur scène :
Personne ne va bien. Je peux vous assurer que personne ne va bien. Mon travail en tant que thérapeute est florissant. C’est formidable. Honnêtement, je n’ai jamais pensé que parier sur la misère des autres était aussi bénéfique! (rires) Je pense que dans les deux prochaines années je vais acheter une maison. C’est super!
Philip :
Avant d’aborder ta carrière sur scène et de voir comment tu es passée de quelqu’un qui fait rire des mourants à quelqu’un qui fait rire tout le monde, parlons un peu de ton arrivée au Canada. Tu as immigré avec tes parents… enfin, ta mère, plutôt, et tes frères et sœurs. Pourquoi ta famille a-t-elle quitté le Liban?
Sandy :
Alors je suis née à la fin de la guerre civile, l’économie au Liban était vraiment difficile, alors c’est pour ça qu’on a immigré à un pays avec plus d’opportunité. Ma mère a ses deux frères et sœurs sont ici, et mes grands parents ont émigré aussi au Canada. Alors c'était comme une réunion de famille. D'être ensemble de nouveau. Et c'est ça. On a commencé le procès, on a commencé la procédure, j'avais douze ans, mais la première fois que je suis rentré au Canada, c'était à la fin de 2009. Je suis rentré pour comme trois semaines. J'étais de retour au Liban terminer mes études universitaires et en 2010, j'ai déménagé tout à fait. J'ai commencé mon deuxième chapitre dans la vie ici, premièrement à Gatineau, puis il y a cinq ans que j'habite à Montréal.
Alors, le plan c'était qu'on va arriver au Canada en 2009. Mon père est décédé en septembre 2009. Bien sûr, il nous a pas averti avant qu'il était mort. C'était un choc pour nous tous. Mais ça n'a pas changé les plans du voyage, c'était juste plus difficile.
Philip :
Je peux bien l’imaginer. Et passer de Beyrouth à Gatineau a dû être un choc.
Sandy :
Ouais. J’étais de retour au Liban comme j’ai dit, pour terminer mes études à l’université. Quand je suis revenue au Canada, on vivait avec mes deux, avec mon grand-père et ma grand-mère. C'était un changement radical. Je veux dire, mon père n'était plus avec nous. Là il ya mes grands parents, et ma famille est tellement conservatrice. Et l'aspect distinct ici à Gatineau, il n'y avait rien, il n'y avait vraiment rien. Il y avait juste un McDonald’s en haut de la rue. Et je ne pouvait partir nulle part si je n’avais pas de voiture, et bien sûr, je n'avais pas de voiture. Je travaillais au Tim Horton's à dix minutes de marche de notre maison. Ah! C'était difficile!
Philip : Pouvons-nous parler un peu de ta pratique de la thérapie par le théâtre?
Sandy :
Oui, je peux parler de ça.
Philip :
Tu as déménagé à Montréal il y a cinq ans, tu as obtenu ta maîtrise et tu es maintenant thérapeute en drama thérapie. J’ai vu ton bureau, cette belle pièce lumineuse dans ton appartement du Vieux-Montréal. Il est vraiment accueillant, coloré et il ressemble presque à une salle de jeux pour enfants. Il ne s’agit pas d’un cabinet de thérapie classique. Si moi je venais te voir parce que, je ne sais pas, je suis déprimé, que pourrais-je attendre d’une séance?
Sandy :
Alors la drama thérapie est basée sur la thérapie psychodynamique, la psychothérapie psychodynamique traditionnelle où les gens viennent pour plus parler de leurs problèmes, d'analyser peut être ou connecter plus avec leurs émotions, essayer des différentes façons pour faire face à certains problèmes ou situations. Ce qu'on fait en drama thérapie, on utilise ou on entraîne des moyens et des outils qui viennent de l'art pour faire le travail psychothérapeutique. Alors j'ai des clients qui sont en train de faire face à n'importe quel problème qui demande d'avoir un psychologue ou psychothérapeute. Soit dépression, anxiété, déprime, des problèmes de santé mentale, un deuil complexe, des grands changements dans la vie, une dépression. Ça peut être n'importe quel problème où tu vas voir un psychologue ou un psychothérapeute traditionnel. Dans la drama thérapie, j'utilise les couleurs, l'imagination rôleplay, le mouvement, la respiration. J'utilise tout pour faire ce travail-là. Alors peut être j'utilise un objet, ou je te demande de me trouver, par exemple un objet qui exprime comment tu te sens dans ce moment-là et trouver un autre objet qui représente où est ce que tu aimerais être, si par exemple, la thérapie fonctionnait exactement comme tu veux. Déjà, quand le client, mon client, va m'expliquer pourquoi il a choisi ses objets, déjà il me raconte ou il est maintenant, et ses objectifs de la thérapie par exemple. Mais ce qui est vraiment beau avec ce moyen, cette distance qu'on peut gagner avec les arts ou l'utilisation des couleurs, des objets, l'imagination et tout, cette distance donne une permission au client d'être soi même.
Philip :
OK, il est évident que tu es drôle, que tu as un grand sens de l’humour et que tu peux faire rire un mourant en lui disant que son âme s’échappe de son corps lorsqu’il pète… mais pendant tout ce temps, tu n’as jamais pensé à faire du stand-up. Et te voilà maintenant en train de jouer dans des clubs. Tu as participé à un spectacle de Juste pour rire, tu as commencé à organiser tes propres spectacles avec d’autres humoristes à l’affiche. Comment tout cela a-t-il commencé?
Sandy :
Bien sûr, j'ai commencé le stand-up par accident. Comme toutes les choses intéressantes dans ma vie. J'étais, j'étais à Montréal pour une conférence sur l'International Society of Humor Studies. Alors, c'était une conférence de cinq jours où il y avait des chercheurs, des enseignants de partout dans le monde qui venaient juste présenter leurs propres méthodes ou études sur l'humour. Et j'avais une courte présentation sur mon travail dans les hôpitaux et dans les maisons de soins longue durée. Parce que j’avais crée un programme de visite de clown qui visitaient des patients agés dans une maison de soins de longue durée. Alors je présentais mon travail, mon approche et tout dans cette conférence et la première journée, actually la deuxième journée, j'apprends qu’il y a une compétition de stand up la soirée même. Et dans le temps, j'ai jamais été sur scène en train de faire du stand up. Quatre heures avant la compétition, je savais que ça va passer ce soir, alors je m'inscris et je dis ok. Pire des cas, I don’t know what’s going to happen, c'est juste des académiques qui vont me voir et c'est correct si ce n’est pas super bien. Whatever, we’ll see what’s going to happen. Et je me souviens, il y avait sept minutes pour la performance et j'ai gagné la compétition et that felt so good. Ça a validé ce désir ou cette joie que j'ai eue à la fin de jouer avec quelque chose qui est vraiment noir, pour une raison ou pour une autre je n'ai pas une énergie qui est menaçante. Alors je suis capable de dire ce que je suis en train de dire. Et les gens vont savoir que ah, je suis en train de jouer avec eux.
Sandy sur scène :
Ma relation avec mon père est vraiment amélioré depuis ses funérailles. Parce que il est devenu plus grounded et down to earth. Je ne veux pas me venter, mais mes daddy issues nourrissent quatre thérapeutes. C’est moi qui mets leurs enfants en colonie de vacances pour leurs enfants cette année. (rires) Mes daddy issues m’ont sponsorisés pour retourner à l’université pour étudier et devenir thérapeute moi-même. Maintenant, je peux m’occuper de vos daddy issues et mommy issues. (Rires)
Philip :
J’ai lu une citation de votre ami Elias Sadkni, qui dit que la première fois qu’il a commencé à se sentir chez lui à Montréal, après avoir émigré de Syrie, c’était lors d’un micro ouvert organisé à Abjad Howse. Le collectif d’artistes arabes progressistes que tu as cofondé. Il t’a décrite comme « une humoriste libanaise qui a fait des blagues sur le BDSM devant un public qui semblait être en partie religieux ». Ça semble être une bonne façon de décrire la danse de ta comédie, surtout si l’on tient compte de l’histoire de ta famille.
Sandy :
Ma famille sont des Témoins de Jéhovah. Et ça, ça a crée comme des limites ou des barrières pour plein de choses que peut être je voudrais faire en tant que jeune, que je n'aurais pas droit de faire tout simplement. Comme faire mon anniversaire, tu vois. Bon, l'humour, c'est à propos de ma vie. Ma vie était pleine de situations difficiles, comme plein de monde. C'est juste que maintenant j’ai le plaisir, même quand il y a des décès, des sortes de scène pour moi c'est wow! More material. Je vais rire beaucoup plus. C’est une différente perspective sur la vie.
Philip :
J’aimerais en savoir un peu plus sur Abjad Howse.
Sandy :
Alors début 2019, avec mes amis qui étaient des artistes arabes, on a créé comme un collectif d'artistes arabes et on faisait les open mic chaque mois. Et dans ces open mic, j'ai commencé à faire le stand up comédie en arabe. Je ne voyais, je ne regardais pas beaucoup de stand up comedy. Et maintenant, je trouve que c'était quelque chose qui a joué à mon avantage, parce que je n'étais pas influencé par nul artiste. Alors j'ai trouvé mon propre humour, avant de chercher juste l’humour. À cause de ces open mic en arabe, je pense que j'ai commencé à avoir comme une habitude à transformer mes histoires à une histoire que je peux raconter en stand up. Et à la fin, comme en 2019, on a fait deux show en arabe. Juste deux show, et c'était vraiment niveau débutant. Fin 2021, on a aussi performé quelques fois, comme quatre-cinq fois avec mes amis en arabe. Et là je suis parti au Liban pendant six mois. Et au Liban, il y a une scène de comédie qui est tellement en plein essor, en progression. Au Liban, il y a des nouveaux comédiens et il y a des open mic et des soirées pour les comédiens chaque semaine. J'étais tellement impliqué dans cette scène, parce que c'était vraiment le fun. Alors dans ces six mois, j'ai eu le goût de le faire plus. Là, je retourne au Canada, je termine ma maîtrise et je suis invité au premier show en anglais en septembre 2021. Non, en septembre 2022 j’ai eu mon premier show en anglais à Montréal, et dans ce show, il y avait quelqu'un dans l'audience qui m'a invité à un autre show. Ça a coulé et j’ai performé pendant une année sans arrêter, et j’ai auditionné pour Juste pour rire. Et ils m'ont pris pour la production des étoiles montantes, mais en anglais.
Philip : Et maintenant, tu produis tes propres spectacles.
Sandy : Oui.
Philip :
Je m’intéresse à Not For Laughs. Tu as dit qu’il ne s’agissait pas seulement de comédie, mais aussi de créer un espace où les gens peuvent se rassembler à une époque où les tensions mondiales s’intensifient. Ce n’est pas la façon habituelle de vendre un spectacle comique.
Sandy :
OK. Alors le 20 février on va avoir la première édition de ma propre production indépendante. Le show serait en anglais. Il s’appelle Not For Laughs : A show for people who are not doing OK. Ce qui se traduit comme Pas pour rire : Un spectacle d’humour pour les personnes qui ne vont pas bien. Alors, les gens qui sont plus impliqués dans les nouvelles dans le monde ne vont pas bien. Il y a plein de personnes qui sont touchées par the housing crisis, la crise du logement, inflation, et il y a plein de défis dans ce moment-là, et je suis sûr qu'il y a plein de gens qui ne vont pas bien. Et c'est ça, c'est, ce show c'est comme une permission à ces gens-là pour qu'ils savent que je sais qu'ils ne sont pas bien et ils ne vont pas bien. Et là on va jouer ensemble pareil et rire et avoir un bon moment. Alors ce que j'aime ou je vois pour ce show, un développement, pour être capable de le prendre dans des places qui sont, où il y a encore plus de défis.
(Musique)
Je suis tellement convaincu du pouvoir que l’humour peut amener.
Philip :
C’était Sandy El-Bitar.
Vous pouvez retrouver Sandy sur Instagram, à sindee_elb. On l’épelle S-I-N-D-E-E barre de soulignement E-L-B.
Merci d'avoir écouté D'Innombrables voyages du Musée canadien de l'immigration du Quai 21, situé au Halifax Seaport. Si vous souhaitez entendre plus d'histoires comme celle-ci et aider de nouveaux auditeurs à découvrir notre balado, assurez-vous de coter l’émission ou de laisser un commentaire.
FIN