Première femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour de Montréal, Garihanna Jean-Louis a grandi entre Montréal et Haïti, faisant des allers-retours plus fréquents qu’un colis Amazon perdu. Ancienne étudiante en criminologie devenue étoile montante de la scène québécoise, elle qualifie son humour de « mangue et érable », et même si son humour peut être très tranchant, son but ultime est de rassembler les gens.
Garihanna sur scène :
Je vous explique. L'autre jour, sur un plateau de tournage, j'arrive une heure à l'avance, parce que je ne veux pas qu'on dise que les Noirs sont toujours en retard… Même si c’est vrai. (Rire) Moi j'arrive, d’accord une heure d’avance pour être certaine que tout est correct. Et là, je vois le groupe de maquilleuses qui sont au fond là-bas de la salle. Et le truc que je vais vous dire qui est super important, c'est que ma plus grande phobie dans la vie, c'est de me faire maquiller par une femme blanche. Oui, parce que le problème c'est qu'elles savent pas comment maquiller ma peau. Elles me rendent toute grise! (Rire)
Philip Moscovitch:
Bonjour, et bienvenue à D’Innombrables voyages. Je suis votre animateur, Philip Moscovitch.
Vous venez d’entendre l’humoriste Garihanna Jean-Louis, sur la scène du club montréalais Le Terminal. Garihanna affirme qu’elle est l’une des deux seules personnes au monde à porter son prénom. (L’autre est sa cousine.) Mais ce n’est pas seulement son nom qui la rend unique.
Née au Québec et ayant grandi à la fois en Haïti et à Montréal, elle est la première femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour de Montréal et l’une des rares femmes noires à travailler dans le domaine de l’humour au Québec.
L’humour de Garihanna est personnel et direct, mordant et tranchant. Mais son objectif, qu’elle se produise devant la diaspora haïtienne ou devant un public majoritairement blanc, est de rassembler les gens. Même s’il y a quelques petites pointes bien méritées en cours de route.
Ma conversation avec Garihanna Jean-Louis, à venir sur D’Innombrables voyages.
(Musique)
INTRO MUSIC/MONTAGE
PM :
Pour cette saison, le balado a choisi de se pencher sur l’humour.
Et aujourd’hui, on vous présente ma conversation avec une des étoiles montante de l’humour au Québec… Garihanna Jean-Louis.
Garihanna a fait des études en criminologie, et a même travaillé avec le Service de police de la Ville de Montréal.
Heureusement pour nous, elle a décidé de changer de carrière.
PM :
Bonjour Garihanna.
GJL :
Bonjour Philip
PM :
Comment est-ce que vous décrivez votre comédie? Pour les gens qui ne vous connaissent pas? Moi, je sais que vous vous êtes décrit déjà comme une humoriste au parfum de mangue et érable...
GJL:
Alors je décrirais mon humour comme un humour, comment je pourrais dire ça? Je vais dire un rire jaune. Je suis un peu... Je ne suis pas un peu, je suis très directe. Je suis dans l'ironie, dans le sarcasme, dans le second degré, mais toujours dans l'amour et dans la bienveillance. Donc ça serait un humour, je pourrais dire est-ce qu'on peut dire, je dirais même pas non, je ne dirais pas que c'est vraiment un humour noir, c'est vraiment pince-sans-rire, vraiment. Donc c'est toujours très sucré et comme je l'ai dit, toujours bien bienveillant. C'est très rassembleur aussi. Donc oui, oui, un humour mangue et érable. À ma couleur et à ma saveur.
PM :
Je veux revenir à la question d’humour rassembleur, mais j’aimerais parler un peu de votre parcours... ça fait plusieurs fois que vous avez déménagé en Haïti. Puis retournée à Montréal et encore Haïti, encore à Montréal. Parlez moi un petit peu de ce parcours là, s'il vous plaît.
GJL :
Effectivement, j'ai fait plus d'allers retours Montréal-Port-au-Prince qu'un colis Amazon avec la mauvaise adresse. Mais effectivement, c'est c'était. C'est une histoire de vie. J'ai un parcours d'immigration qui est très atypique. Donc généralement les gens laissent les grands pays ou les pays du les grandes puissances pour les pays du tiers monde pour se diriger vers un pays, vers une grande puissance. Mais moi c'était le contraire. Je suis né effectivement au Québec, mais j'ai grandi en Haïti, donc mes parents, ils ont décidé de quitter le Québec alors que j'avais cinq ans à l'époque. Donc moi, tout mon naissant en tant qu'enfant, les premiers codes que j'ai eu, ce que j'ai reçu, c'était vraiment des codes créoles. Donc c'était en Haïti. Mon éducation a majoritairement été faite en Haïti et vu la circonstance du pays, de force mes parents m'ont forcé à revenir au Québec alors que je n'avais que quinze ans. Donc quand je suis revenu, donc c'était comme une réadaptation, je revenais à la maison, mais sans que ça soit ma maison. Donc pour moi, c'était très difficile ce premier retour en fait à Montréal. Surtout que mes parents et ma famille en entier étaient restés en Haïti. Donc j'ai dû devenir une adulte, je vais dire très rapidement et ça a été très difficile. J'ai sombré dans une dépression alors que j'avais juste quinze ans, Je me suis rasé le crâne et puis bon, ça a vraiment été ça. Et là, ma mère a eu la fameuse solution de me faire retourner en Haïti. C'est, pour elle, c'était la solution. C'était pas de voir un psychologue, c'était "il n'y a pas de soucis, tu retournes chez toi, en Haïti." Et ça a vraiment été ça et ça. Et ça m'a aidé d'être de retour à la maison avec mes élèves avec qui j'allais à l'école, mes camarades de classe, revoir ma famille, ma maison et tout ça.
Et de force, après quelques années plus tard, trois ans plus tard, j'avais 18 ans. On a kidnappé ma mère et ma sœur et je n'ai pas eu le choix. Voilà. Et mes parents m'ont dit ben voilà, c'est soit tu vas en Suisse, trouver ta tante ou tu retournes à Montréal et bien évidemment, la Suisse, ça veut dire que j'aurais vu ma famille une fois au trois ans, une fois au quatre ans. Puis je me suis dit au moins Montréal, tous les étés, on pourra se revoir parce qu'on est plus proches et ça coûte moins cher. Donc je suis revenu à Montréal de force et mes parents sont restés encore une fois. Et c'est là vraiment que mettons que mon que que mon regard en fait a un peu changé. Et je me suis dit autant qu'à l'époque, je ne trouvais pas que le Québec était ma maison, mais c'était quand même un triangle amoureux toxique. Moi, j'aime Haïti. Haïti, même pas tant en retour. Mais le Québec m'adore. Mais moi, j'aime Haïti. Mais donc c'était vraiment un vieux triangle amoureux. Et finalement, bien voilà, au fur et à mesure que le temps avançait, au fur et à mesure que je me disais que finalement je suis à la maison, parce que plus je retourne en Haïti, plus je me sentais étrangère par rapport à la terre. C'est fou, C'est fou comment la vie change les choses. C'est fou. C'est fou, fou, fou, fou. Et voilà. Et puis après. Bon, après beaucoup, j'ai fait plusieurs autres allers retours entre temps et ensuite mon père est décédé quelques années plus tard. J'avais 23 ans, quatre ans je pense à l'époque, 24 ans je pense, quand mon père est décédé et cette fois ci, j'étais déjà à Montréal. Je travaillais déjà pour le SPVM, j'avais déjà mon diplôme de bachelière en sciences économiques à l'Université de Montréal. J'étais en train de faire mon diplôme aussi en criminologie encore une fois à l'Université de Montréal. Et j'ai eu. J'ai reçu la nouvelle et j'ai décidé sur un coup de tête de tout quitter mon travail, mon appartement et je suis retourné en Haïti. Et cette fois ci, c'était la dernière fois de mon parcours que je partais m'installer, me réinstaller là bas. Et c'est là que j'ai rencontré l'école de l'humour.
Donc ma vie a pris une autre courbe. Après, je suis sûr qu'on aura le temps d'en parler. Mais c'est là que l'école de l'humour est rentrée dans ma vie, que l'humour en tant que tel comme art est rentré dans ma vie. Donc oui, c'est un parcours extrêmement atypique, mais c'est c'est une histoire qui m'appartient, j'imagine, et que voilà, c'est ça.
PM :
Alors l'école de l'humour en Haïti… Quelle était votre connexion?
GJL :
Alors la connexion était aussi simple que l'école de l'humour était de passage à ce moment là pour donner une formation d'une semaine. Donc c'était comme un petit séminaire qui devait durer juste une semaine et c'était dans le cadre d'une collaboration pour créer une école nationale de l'humour en Haïti. Donc, c'était une formation qu'on donnait juste une semaine et à la dernière minute de cette formation, ou du moins quelques jours avant la fin de la formation. Louise Richer, qui est la directrice de l'École nationale de l'humour, a décidé de recruter des aspirants humoristes haïtiens pour représenter Haïti au festival Juste pour rire, pour présenter un gala. Et j'ai remporté le concours. A ma grande surprise. Je n'avais jamais écrit d'humour avant dans ma vie, mais j'ai littéralement. Dans ce numéro. Je me souviens de noir-sur-blanc que j'expliquais à quel point j'étais trop québécoise pour les Haïtiens et trop Haïtienne pour les québécois.
J'étais une enfant du milieu qui avait sa place nulle part en fait. Et ce numéro là m'a valu la première place du concours. Je suis revenue à Montréal, mais cette fois ci pas par mes propres moyens. C’est L'école qui a payé. J'ai participé au gala Juste pour rire. J'ai fait mon premier numéro d'humour à vie, et suite à mon numéro, dans les coulisses, Louise est venue me trouver et elle m'a dit, j'ai un truc à t'offrir. Je veux t'offrir une bourse complète pour l'École nationale de l'humour. Et voici comment j'ai atterri en humour.
PM :
Et votre mère? Qu'est ce qu'elle pensait de l'humour comme carrière?
GJL :
Ma mère, elle n’a jamais vu l'humour comme carrière. Jusqu'à ce jour. Jusqu'à ce jour, elle se dit que c'est une phase qui va, qui va aller. Elle me demande tout le temps pourquoi tu retournes pas à la ville de Montréal? C'était bien à la ville de Montréal, tu travaillais bien à la ville de Montréal. Donc pour pour ma mère, je pense que ça reste encore une phase. Même quand maintenant, elle habite avec moi, et maintenant elle habite avec moi. Elle est avec moi ici. Voilà, elle est bien, on est bien. Mais pour elle c'est en même temps… Je, je la comprends qu'en tant que parent immigrant qui a fait beaucoup de sacrifices, tu veux que ton enfant ait un avenir sûr et certain. Et faire le choix d'être, d'être artiste, c'est toujours difficile et ce, peu importe les origines. Donc voilà, pour ma mère, il y a il y a toujours ce petit côté où elle est très très insécure dans le sens où elle se dit mais mon Dieu, tu vas vraiment faire ça pour le reste de ta vie? Mais un autre côté où je le vois dans ses yeux, qu'elle est extrêmement fière et qu'elle se dit ah ben c'est une fille, ma fille est têtue comme moi. (Rire)
PM :
Alors je veux retourner à l'École nationale de l'humour pour un instant. Alors vous, vous êtes de la cuvée 2017, c'est ça?
Garihanna :
Exact.
PM :
Et. Et c'était en 2017 que vous vous êtes rendu compte que vous étiez la première femme noire qui a fini l'école? C'est ça?
GJL :
Oui, c'est bien ça. Ça s'est passé un peu comme ça, mais c'était plutôt, je cherchais un concept original pour la photo des finissants. Puis je me trouvais dans les couloirs en train d'essayer de me gratter la tête pour me dire qu'est ce qui n'a pas encore été fait à l'école que je peux faire comme photo cool, parce que c'était ça qui est à la mode en fait, c'est la photo qui va rester à vie, la photo qui va être sur le site de l'école, ça va être sur les murs de l'école. Donc il faut être original. Tu veux te démarquer d'une façon ou d'une autre. Donc pendant que j'attendais mon tour, j'étais dans les couloirs en train de regarder les anciennes photos des anciens diplômés et avec tout type des personnes, des personnes avec leur chiens, les personnes avec leurs bébés, des personnes torse nu. J'ai tout vu et quand j'ai fait l'aller retour dans les couloirs de l'école, je me suis dit est ce que c'est moi ou il y a pas de filles Noirs? Puis j'étais quand même... ben non, c'est sûrement moi qui a mal vu parce que l'école existe depuis une trentaine d'années, c'est impossible que ce soit ça. J'ai fait le tour du couloir, encore une fois, une deuxième fois, une troisième fois, puis là j'ai commencé à avoir des palpitations parce que je me dis ok, tu sais, est ce que c'est ça ou non? Donc je me suis dit je vais me renseigner et je vais aller trouver Louise Richer. J'ai été trouver Louise dans son bureau et je lui ai dit Excuse moi, est ce que je peux te déranger deux secondes? Mais voilà, mon constat… est-ce que c'est possible que je sois la première femme Noire à être passée à l'école de l'humour? Elle m'a fait, Oh mais je sais pas, il faut regarder sur les photos. Est-ce que tu es sûre que tous les diplômés sont là? Oui, oui, tous les diplômés sont là, il n’y a personne qui rate la photo de l'école. Donc oui, je n'étais pas bien sûr. Puis je vais être. Est ce que si c'est ça, est ce que je peux, je peux l'écrire, que je suis la première femme Noire à être gradué de l'école? Puis elle m'a dit On va aller faire le tour.
Elle a fait le tour avec moi deux fois. Puis j'ai fait. Et elle m'a dit Regarde! Tu l'as mérité. Dis le. Et c'est là que j'ai écrit que j'étais la première femme noire diplômée de l'école de l'humour. Mais c'était vraiment un concours de circonstances. C'est parce que j'étais à la recherche d'un concept original. J'avais jamais réalisé. Oui, je savais que j'étais une minorité à l'école, que j'étais la seule femme Noire à l'école à l'époque, Mais je n'avais jamais réalisé que j'étais la seule femme, moi, être passée sur les bancs de l'école. Et ça, ça a complètement. Ça a changé toute ma perception et toute ma dynamique. Sur le moment, c'est beaucoup de fierté. Mais plus les années passent, plus je me dis Ouais, finalement, je suis fière. Mais ça fait mal parce que je suis encore la seule. Ouais.
Garihanna sur scène :
Et elle continue en me disant, T's'ais moi là, je ne vois pas les couleurs. En plus d'être conne t'es daltonienne! Wow! Elle a passé 90 minutes, 90 minutes à me brouiller la face et au bout de ces 90 minutes, elle a terminé. Je lui ai dit merci, j'ai pris ma trousse et je suis partie à la toilette, laver le visage, refaire mon maquillage.
PM :
Je crois qu’il y très peu de femmes Noires qui travaillent dans la comédie au Québec. Il y a la vieille expression qu'il faut travailler deux fois plus, plus fort que les autres. Est ce que vous trouvez que c'est vrai?
GJL:
Malheureusement, ce n'est pas une vieille expression, c'est une expression qui est encore très à la mode. Deux fois, trois fois, quatre fois, 1 000 fois, absolument et autant que je déteste le dire, la réalité, c'est que je ne sais pas ce que je veux, mais c'est ce que c'est, le constat que je fais, c'est que déjà, en tant que femme, on est déjà désavantagé, autant qu'on se bat pour le féminisme, qu'on se bat pour l'égalité. Mais il y a déjà un désavantage. La parité dans le métier d'humour, de toute façon, en humour, de façon générale, globalement parlant, c'est un métier qui est très masculin.
Maintenant, une fois que les femmes sont rentrées dans la game, excusez mon anglicisme, une fois qu'on est rentré dans la game, ça a changé la dynamique. Maintenant, il y a, on parlait, à un moment donné, on parlait de d'humour féminin. Oh ça c'est un humour de fille. Ça c'est oui, ça, ça fait rire juste les filles. Oh, les filles sont pas drôles, je sais pas combien de fois qu'on l'a déjà entendu girls are not funny. Les femmes ne sont pas drôles en humour, les gars sont plus drôles, etc etc. Parce que c'est un milieu qui est dominé par les hommes. Les femmes sont rentrées dans la game, mais ça a commencé par des femmes blanches. Après, les femmes Noires sont arrivées après les femmes de toutes sortes d'ethnies et de toutes sortes de culture et de background sont enfin arrivé. La réalité, c'est qu’ici au Québec, à l'échelle sociale, dans l'échelle sociale il y a l'homme blanc qui est au dessus. Juste avant la fin de la ligne, il y a l'homme Noir et juste en dessous de l'homme noir, en dernier plan, il y a la femme Noire.
Autant qu'on parle de matière de sexualité, on va dire ce sont les femmes qui sont les moins désirées. Ce sont les femmes qui ont plus d'enjeux. Ce sont les femmes qui sont les plus maltraitées. Ce n'est pas un dicton, c'est un fait. Et il y a quelques années, j'aurais pu dire ouais mais non, c'est des choses qu'on dit. Mais plus j'avance en âge et en maturité, plus je me dis Oh mon Dieu, que la vie ne nous fait pas de cadeau! Notre couleur de peau devient désavantage alors que c'est supposé rien à voir avec ça. Et le fait qu'on soit femme en plus de ça, c'est quelque chose encore qui nous, qui nous désavantage pour le moment.
Donc oui, parce que nos histoires sont méconnues et je parle particulièrement du milieu de l'humour. Nos histoires sont méconnues. Nos histoires, déjà, les gens, ils ont une idée dans leur tête. Quand tu es une femme Noire, tu es une femme de caractère, T'es une femme forte, t'es une femme agressive, t'es une femme déterminée. Donc il y a toutes sortes de stéréotypes qui viennent jouer contre nous. Moi, je me souviens très bien quand j'étais à l'école de l'humour, il y a un professeur qui a eu à me dire que j'avais une énergie intimidante. Et sache, Philip, que jusqu'à ce jour, je me pose la question qu'est ce qu'il voulait dire par là? Qu'est ce qu'il voulait dire par là? Ça veut dire quoi avoir une énergie intimidante? Je n'ai agressé personne. Je ne parle pas plus fort que la majorité des personnes. Je fais juste être moi. Mais dans sa tête, il avait déjà une idée préconçue. Il avait déjà des préjugés et automatiquement, le commentaire qu'il a eu à me dire est tu as une énergie intimidante. Mais qui a déjà dit à Mike Ward qu'il avait une énergie intimidante? Je n’ai jamais entendu ça. Donc basé sur quoi? Baser sur ce qu'il avait dans sa tête? Pas basé sur des propos que j'avais dit. C'est juste que mon énergie est comme ça. Mais peut être que tu devrais sourire plus. Mais comment je peux plus sourire puisque je souris là, maintenant. Je fais un numéro d'humour, Je peux passer mon temps à sourire. Il faut que je parle! Donc il y a beaucoup. Honnêtement. Donc oui, dire déjà qu'il faut travailler fort en humour de façon générale, ce n'est pas un métier facile. Mais travailler fort en tant que femme pour passer la barrière de les filles ne sont pas drôles.
Et finalement être en mesure d'apporter nos histoires telles qu'elles sont en tant que femmes noires et parler de nos difficultés, de nos enjeux, de ce qui nous fait rire, de ce qui nous fait pleurer. Ça aussi, c'est un autre chose. Parce qu'on est, on nous met dans une catégorie où les gens n'ont pas accès à nos histoires, donc c'est toujours étranger et trop différent, trop niché. Des fois ils sont mais voyons, ça ne se passe pas comme ça pour de vrai. Et un truc qui m'avait aussi choqué à l'école de l'humour, c'est que j'ai encore une fois un de mes professeurs en écriture qui m'avait dit que ce que je disais n'était pas vrai. INVALIDER mon vécu. Et ça, ça m'a fait encore plus mal que tous les autres commentaires qu’on m’a dit. Tu invalide mon vécu comme une femme Noire. Sais tu ce que moi je vis? Ah! As-tu fais le va et viens entre Haïti et le Québec toute ta vie? Non? Donc comment pourrais tu dire que ce que je te dis n'est pas vrai et que tu invalide ce que moi j'ai vécu en me disant que ah ben non, ce n'est pas vrai, ça ne se passe pas comme ça. Mais pardon. Donc ça, honnêtement, ce sont des des challenges qu'on doit, auxquels on doit, on doit faire face toute notre vie et surtout à travers, dans notre art et le métier qu'on a, qu'on a choisi. Oui
PM :
J'ai vu un clip des étoiles montantes de Juste pour rire, quand vous avez parlé des audacieuses et de raser la tête et vous avez dit, Je sais pourquoi ils m'ont demandé de venir. Il y avait toute la diversité... des gens de St-Bruno...
GJL :
Et là, ça me fait plaisir le fait que tu te rappelles exactement de la phrase que j'ai dit dans ce texte, qu'on m'a pris pour une diversité. Donc même quand tu te rappelles absolument de rien des dix minutes, tu t'es rappelé de cette partie là où toutes les femmes qui étaient autour de moi, c'était des femmes de Laval, Saint-Jérôme, Boucherville. Et là je te dis Ah mais c'est fou ça! Ah mais c'est fou qu'elle était là la! La seule personne…et juste le fait que ça a créé ça à l'intérieur de ton cerveau, moi je me dis que mon travail, ben il a été fait, je t’ai sensibilisé et je t'ai fait voir quelque chose qu'à la base tu n'aurais probablement pas remarqué ou pas vu. Donc la place de la, de la souffrance et du rire dans l'humour, c'est une place qui est magique et qui est… en tout cas moi je trouve honorable, carrément. Donc être capable de rire de son malheur et de rire de ses souffrances, ouf, c'est thérapeutique. Et cette fois ci, c'est pas moi qui paye. Ha ha ha! C'est parfait!
PM :
Et je pense que j'avais lu dans une entrevue que vous avez dit que le background en criminologie... des fois vous trouvez que c'est utile quand vous êtes sur la scène. Est ce que c'est correct?
GJL :
Absolument. Oui, c'est. C'est très utile dans le sens où en criminologie, on a eu la chance d'étudier la psychologie des gens, le profil des gens. Et c'est un truc qui me sert partout où je vais. Et une chose que je peux dire que dans mon art, même en restant authentique dans mes propos, j'ai, je suis capable de m'adapter à mon interlocuteur. Donc je suis très caméléon dans ce sens là est très versatile aussi. Et ça, honnêtement, je ne pense pas que sans avoir fait d'études pour comprendre le profil des gens, comprendre le background des gens, avoir une certaine empathie aussi parce que des fois tu te dis ah mais les gens ils sont juste con mais finalement non. Quand tu prends le temps de t'asseoir et de comprendre le pourquoi ces gens sont comme ils sont, puis tu te dis ah! Donc voici comment je peux apporter le message sans changer le message pour le rendre plus accessible à la personne qui m'écoute. Parce qu'à la fin de la journée, l'humour reste un dialogue. Il faut que la personne qui apporte le message et que la personne qui écoute le message reçoive le message. Mais il faut qu'on soit sur la même longueur d'onde en fait. Donc, sans avoir fait ces fameuses études là et d'avoir travaillé toutes ces années là en contact avec, avec les gens, tous types de gens, je pense pas que j'aurais eu cette sensibilité artistique là de pouvoir être comme de l'eau dans une bouteille. Donc tantôt je peux me solidifier, tantôt je peux être gazeuse, tantôt je peux être pétillant, tantôt je peux être fluide. Voilà. Mais que le message et que l'essence reste le même.
PM :
Est ce que vous voyez des différences dans les réactions des gens? Si c'est disons, des gens plutôt de la communauté haïtienne ou si c'est plutôt des gens qui sont pour la plupart blancs ou si c’est des gens plus mixte?
GJL :
Absolument, Absolument. Mon Dieu, j'ai eu la chance avec le métier de voyager dans plusieurs pays et je peux vous dire que le rire haïtien ou le rire Noir est différent de tous les rires que j'ai vu dans ma vie.
Les Haïtiens rient avec leur âme. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais il faut être dans la salle pour comprendre. On rit avec nos pieds, nos mains, nos dents, nos cheveux, notre cœur, notre poitrine, tout. Donc, quand on rit, le rire, il est, il est franc. Les gens se lèvent de leur chaise quand ils apprécient. Ils applaudissent. Ils tapent sur les chaises. C'est fou. C'est fou comment une salle qui est majoritairement Noire, comment les rires résonnent différemment. C'est comme si les gens relâchaient une tension qu'ils avaient maintenu, contenue à l'intérieur d'eux mêmes pendant tellement longtemps. Puis ce moment là, c'est le moment où ça explose. Versus quand je vais dans un public qui est plus blanc et pour dire plus spécifiquement plus québécois. Les gens sont polis. C'est un rire poli, c'est un rire… On apprécie, mais on ne veut pas trop exprimer qu'on apprécie. On va applaudir une fois de temps en temps et puis bon, ça va être ça. Il y a plus, Il y a plus de code dans le rire que versus quand les Haïtiens ils aiment, ou quand les Noirs aiment bien, ils vont faire ressentir au monde entier, et c'est important que la personne qui est à l'autre bout de la planète sache que j'aime ce que je vois et que je veux que ce rire arrive jusqu'à l'autre bout de la planète. Donc les rires sont très très très extrêmement différents. Il y a un rire qui est viscéral, il y a un rire qui est plus, qui est plus de la tête. Voilà.
(Musique)
PM :
Et voilà, c’était la conversation que j’ai eue avec Garihanna Jean-Louis. Vous pouvez la trouver sur instagram @garihanna. On l’épelle g-a-r-i-h-a-n-n-a. Vous pouvez vous tenir au courant de ses spectacles et de ses autres activités sur ce site.
Merci d'avoir écouté D'Innombrables voyages du Musée canadien de l'immigration du Quai 21, situé au Halifax Seaport. Si vous souhaitez entendre plus d'histoires comme celle-ci et aider de nouveaux auditeurs à découvrir notre balado, assurez-vous de coter l’émission ou de laisser un commentaire.
English Transcript follows
Intro Clip: Garihanna comedy live
Let me explain. The other day, on a film set, I got there an hour early, because I don’t want people saying that Black people are always late… Even if it’s true. (Laughs) So I make it there, okay, an hour early to make sure everything’s fine. And I see the group of make-up artists at the back of the room. And the thing I’m going to tell you that’s super important is that my biggest phobia in life is getting my makeup done by a White woman. Right, because the problem is that they don’t know how to make up my skin. They always make me gray! (laughter)
VO PM:
That’s comedian Garihanna Jean-Louis, on stage at the Montreal comedy club Le Terminal. Garihanna says she is one of only two people in the world with her first name. (The other is her cousin.) But it’s not just her name that makes her unique.
Born in Quebec, and raised both in and Haiti and Montreal, she is the first Black woman to graduate from Montreal’s École nationale de l’humour, and one of very few Black women working in comedy in Quebec.
Garihanna’s humour is personal and direct, biting and sharp. But her goal... whether she’s performing in front of Haitian diaspora or mostly white audiences... is to bring people together. Even if there are a few well-deserved barbs along the way.
We’ll hear my conversation with Garihanna Jean-Luois coming up... on D’Innombrables voyages.
INTRO MUSIC/MONTAGE
VO PM:
Welcome to D’Innombrables voyages. I’m your host, Philip Moscovitch.
This season, the podcast is focusing on humour... the lighter side of immigration, if you will. And today we have a treat for you. My conversation with Garihanna Jean-Louis. She is one of the rising stars of the Quebec comedy scene, having graduated from the École nationale de l’humour in 2017.
Garihanna did not set out to be a comic. She studied economics and criminology... and even worked police cadet for the SPVM... the Montreal police force.
Her career took a radical turn after she entered a comedy contest... and won, with her routine on being “trop québécoise pour les Haïtiens et trop Haïtienne pour les Québécois.”
Fortunately for us, she chose the stage instead of policing. Although she does say her criminology background makes her a better comedian.
Here is my conversation with Garihanna Jean-Louis.
Music for segue
VO PM:
Hi, Garihanna.
Garihanna:
Hi Philip.
VO PM:
How would you describe your comedy? For people who don’t know you? I know you’ve already described yourself as a mango-and-maple-scented comedian… [00:11:39][63.3]
Garihanna clip 1:
[00:02:49] So I would describe my humour as a― how might I say this? I’m going to say a bit sour. I’m a little… I’m not a little― I’m very direct. I’m into irony, sarcasm, second degree, but always with love and kindness. So it would be a humour― I think you might say, can you say― I wouldn’t even say, no, I wouldn’t say it’s really black humour, it’s really deadpan, really. So it’s still very sweet and as I said, still very benevolent. It’s also very unifying. So yes, yes, mango-and-maple humour. It’s my colour and my flavour. [00:03:46]
[56.3]
VO PM:
[00:11:38] I want to come back to the question of unifying humour, but I’d like to talk a little about your background… you’ve moved to Haiti several times now. Then back to Montreal, then Haiti, then Montreal again. Please tell me a little bit about that.
Garihanna Clip 2:
[00:07:52] Yeah, I’ve made more round trips between Montreal and Port-au-Prince than an Amazon parcel with the wrong address. But yes, it was― It’s a whole life story. My immigration background is very atypical. So, generally speaking, people leave the big countries or the countries of― the great powers for the countries of the Third World and head for a country, a great power. For me, it was the other way around. I was actually born in Quebec, but I grew up in Haiti, so my parents decided to leave Quebec when I was five years old. So when I was born as a child, the first codes I had, what I received, were really Creole codes. That was in Haiti. Most of my upbringing took place in Haiti, and given the country’s circumstances, my parents forced me to return to Quebec when I was only fifteen. So when I came back, it was like a rehabilitation. I came back home, but without it being my home. So, for me, it was very difficult, that first return to Montreal. Especially since my parents and my whole family had stayed in Haiti. I had to become an adult, I’m going to say very quickly, and it was very difficult. I fell into a depression when I was just fifteen, I shaved my head and that was that. Then my mother came up with the solution of getting me back to Haiti. That’s― for her, that was the solution. It wasn’t to see a psychologist. It was like, “There’s nothing to worry about, you’re going back home to Haiti.” And it really was this and that. And it helped me to be back at home with the students I went to school with, my classmates, seeing my family again, my house and all that.
And by force, a few years later, three years later, I was 18. My mother and sister were kidnapped and I had no choice. Right. And my parents said, well, it’s either you go to Switzerland, to find your aunt, or you go back to Montreal, and of course, Switzerland means I’ll see my family once every three, four years. Then I said to myself, at least in Montreal, every summer we can see each other again, because we’re closer and it costs less. So I came back to Montreal by force and my parents remained behind once again. That’s really when my outlook changed a little. And I told myself as much as I didn’t think Quebec was my home at the time, it was still a toxic love triangle. I love Haiti. Haiti, not so much in return. But Quebec loves me. But I love Haiti. So it was really a good ol’ love triangle. And finally, well, as time went on, I grew to tell myself that I was home at last, because the more I went back to Haiti, the more I felt like a stranger in that land. It’s crazy, it’s crazy how life changes things. Crazy. It’s crazy, crazy, crazy, crazy. So here we have it. And then, afterwards… Well, after a lot― I made several other return trips in the meantime, and then my father died a few years later. I was twenty-three, four I think at the time, twenty-four I think, when my father died, and at that point I was already in Montreal. I was already working for the SPVM, and I already had my bachelor’s degree in economics from the Université de Montréal. I was also doing my degree in criminology once again at the Université de Montréal. And I got― When I got the news, I decided in the spur of the moment to leave my job, my apartment, and return to Haiti. And this time, it was the last time in my career that I was going to settle down, relocate there. That is where I found the school of humour.
So my life took another turn. After that, I’m sure we’ll have plenty of time to talk about it. But that’s when the school of humour came into my life, when humour as an art form came into my life. So yes, it’s an extremely atypical path, but it’s my story, I guess, and that’s that. [261.8]
VO PM:
So the school of humour in Haiti… What was your connection?
Garihanna Clip 3:
[00:12:29] So the connection was as simple as the school of humour was visiting at the time to give a week’s training. It was like a little seminar lasting just one week, and it was part of a collaboration to create a national school of humour in Haiti. So, it was a training course that was given just one week and at the last minute of the course, or at least a few days before the end of the course. Louise Richer, director of the École nationale de l’humour, decided to recruit aspiring Haitian comedians to represent Haiti at the Just for Laughs festival, to present a gala. And I won the contest. Much to my surprise. I’d never written humour before in my life, but I literally― In this number. I clearly remember explaining how I was too Québécoise for Haitians and too Haitian for the Québécois.
I was a middle child who didn’t really belong anywhere. And that number won me first place in the contest. I came back to Montreal, but this time not on my own. The school paid for it. I took part in the Just for Laughs gala. I did my first comedy act ever, and afterwards, backstage, Louise came up to me and said, I’ve got something to offer you. I want to offer you a full scholarship to the École nationale de l’humour. And here’s how I ended up in comedy. [00:14:05][95.4]
VO PM:
[00:22:16] And your mother? What did she think of comedy as a career? [00:23:41][85.2]
Garihanna Clip 4 :
[00:14:14] My mother, she never saw humour as a career. To this day. To this day, she tells herself it’s a phase that will eventually go. She’s always asking me, “Why you don’t go back to the city of Montreal? It was good in the city of Montreal, you worked well at the city of Montreal.” So, for my mother, I think it’s still a phase. Even when she lives with me now― because now she lives with me. She’s here with me. There― she’s fine, we’re fine. But for her it’s, at the same time… I― I understand that as an immigrant parent who has made a lot of sacrifices, you want your child to have a secure and certain future. And making the choice to be― to be an artist is always difficult, no matter where you come from. So, for my mother, there is always this little side where she is very, very insecure in the sense that she says to herself, “But, my God, are you really going to do this for the rest of your life?” But there’s another side, I can see it in her eyes, that she’s extremely proud and she says to herself, “Ah well, this girl, my daughter is as stubborn as me.” (laughter)[00:15:12][58.6]
VO PM:
[00:29:28] So I want to get back to the École nationale de l’humour for a moment. So you’re part of the 2017 cohort, right?
Garihanna:
[00:21:15] Right. [00:21:44][28.4]
And… And it was in 2017 that you realized you were the first Black woman to finish at that school? Is that right? [00:29:54][25.9]
Garihanna Clip 5:
[00:21:44] Yes, that’s right. It happened a little like that, but it was more like, I was looking for an original concept for the graduation photo. Then I’d find myself in the hallways trying to scratch my head and say, “What hasn’t been done at school yet that I can do as a cool photo?” Because that’s what’s people do, actually. The photo stays for life, the photo will be on the school’s website, on the school’s walls. So you have to be original. You want to stand out somehow. So while I was waiting my turn, I was in the corridors looking at old photos of former graduates, all kinds of people, people with their dogs, people with their babies, shirtless people. I saw everything and when I walked back and forth through the school corridors, I thought, “Is it just me or are there no Black girls?” And then I was… “No, no way. I must have missed something. Because the school’s been around for thirty years, that can’t be right.” I went around the corridor, again, a second time, a third time, and then I started having palpitations because I was thinking, “Okay, you know, am I right?” So I figured, I need to find out more. I’m going to go and find Louise Richer. I went to Louise’s office and said, “Excuse me, can I interrupt you for a second? Here’s the thing… Is it possible that I’m the first Black woman to have gone through the École de l’humour?” She was like, “Oh, I don’t know, you have to look at the pictures.” “Are you sure all the graduates are there?” “Yes, yes, all the graduates are there. There’s no missing school photo.” So yes, I wasn’t quite sure. “So I’ll be― If that’s true, may I― may I write that down? That I’m the first Black woman to graduate from the school?” And she said, “Let’s go make sure.
She toured the school with me twice. And I did. And she said, “Okay, look! You’ve earned it. Say it.” And that’s when I wrote that I was the first Black woman to graduate from the École de l’humour. But it was just a contest of circumstances. And because I was looking for an original concept. I had never realized. Yes, I knew I was a minority at school, that I was the only Black woman at school at the time, but I never realized that I was the only Black woman to ever attend that school. And it completely― It changed my whole perception and my whole dynamic. At the time, I was very proud. But the more the years go by, the more I said to myself, “Yeah, I guess I’m proud. But it hurts that I’m still the only one.” Yeah.
Comedy Clip 2 :
And she goes on to say, “You see, I don’t see colours.” So you’re not only stupid, you’re colourblind. Wow! She spent 90 minutes, 90 minutes messing up my face, and at the end of those 90 minutes, she was done. I said thank you, grabbed my kit and headed off to the bathroom, to wash my face and redo my make-up.
VO PM:
[00:33:19] There’s the old expression that you have to work twice as hard, harder than the others. Do you feel that’s true? [00:36:03]
Garihanna Clip 6 :
[00:25:20] Unfortunately, it’s not an old expression, it’s an expression that’s still very much current. Twice, three times, four times, 1,000 times, absolutely, and as much as I hate to say it, the reality is that I don’t know what I want, but it is what it is, the observation I’m making is that already, as a woman, we’re already at a disadvantage, as much as we fight for feminism, as much as we fight for equality. But there’s already a disadvantage. Parity in the comedian profession, in any case― humour, generally speaking, is a very male profession.
Now, once women got into the game, excuse my Anglicism, once we got into the game, it changed the dynamic. At one point, we were talking about women’s comedy. Oh, that’s a girl’s sense of humour. That’s right, that makes just the girls laugh. Oh, girls aren’t funny, I don’t know how many times we’ve heard that before. Girls are not funny. Women aren’t funny in humour, guys are funnier, etc. Because it’s a male-dominated environment. Women got into the game, but it started with White women. After that, Black women arrived, and then women of all sorts of ethnicities, cultures, and backgrounds. The reality is that, here in Quebec, on the social ladder, White men are at the top. Just before the end of the line, there’s the Black man, and just below the Black man, in the last position, there’s the Black woman.
As far as sexuality is concerned, they are the least desirable women. They’re the ones with the most issues. They’re the ones who are most abused. It’s not a saying, it’s a fact. And a few years ago, I might have said yeah, but no, these are things people say. But the older and more mature I get, the more I say to myself, “Oh my God, life sure is no picnic!” Our skin colour becomes a disadvantage when it’s supposed to have no impact at all. And the fact that we’re women on top of it is another thing that puts us at a disadvantage at that moment.
So yes, because our stories aren’t well known, and I’m talking specifically about the world of humour. Our stories are not well known. In our stories, people already have an idea in their head. When you’re a Black woman, you’re a woman of character, you’re a strong woman, you’re an aggressive woman, you’re a determined woman. So there are all kinds of stereotypes working against us. I remember very well when I was at the School of Comedy, a teacher had to tell me that I had an intimidating energy. And to this day, Philip, I ask myself, “What did he mean by that?” What did he mean by that? What does it mean to have intimidating energy? I haven’t attacked anyone. I don’t speak louder than most people. I’m just being me. But in his head, he already had a preconceived notion. He was already prejudiced and automatically, the comment he had to say to me was, “You have an intimidating energy.” Has anyone ever told Mike Ward he had an intimidating energy? I’ve never heard it. So, what was that based on? Was it based on what was in his head? Certainly not based on anything I had said. It’s just that my energy is like that. But maybe you should smile more. But how can I smile more, since I’m smiling, right now. I do a comedy act, I can spend my time smiling. I’ve got to talk! So there’s a lot. Honestly. So yes, to say that you have to work hard at humour in general, it’s not an easy job. But working hard as a woman to get past the barrier that girls aren’t funny.
And finally to be able to bring our stories as they are as Black women and talk about our difficulties, our issues, what makes us laugh, what makes us cry. That’s another thing, too. Because we’re― we’re put in a category where people don’t have access to our stories, so it’s always foreign and too different, too niche. Sometimes they are, but come on, it’s not really like that. And something else that shocked me in comedy school was that I once again had a writing teacher who told me that what I was saying wasn’t true. INVALIDATING my experience. And that hurt even more than all the other comments I’ve heard. You invalidate my experience as a Black woman. Do you know what I’m going through? Oh! Have you moved back and forth between Haiti and Quebec all your life? No? How could you say that what I’m telling you isn’t true and invalidate what I’ve experienced by telling me that, well, no, it’s not true, it doesn’t happen like that. Excuse me. So, honestly, these are challenges that we have to face, that we have to deal with all our lives, and above all through our art and our chosen profession. Yes. [82.2]
[298.1]
VO PM:
[00:41:06] I saw a clip of the rising stars of Just for Laughs, when you talked about the Audacieuses and shaving your head and you said, “I know why they asked me to come. There was all the diversity… people from St-Bruno…” [00:41:24][17.2]
Garihanna Clip 7:
[00:39:55] I’m glad you remember exactly what I said in that text, that I was mistaken for diversity. So even when you remember absolutely nothing for ten minutes, you remembered that part where all the women around me were from Laval, Saint-Jérôme, and Boucherville. And then I say to you, “Wow, that’s crazy! I can’t believe she was there!” The only person… and just the fact that it created something inside your brain― I tell myself that my work is done, I’ve made you aware and I’ve made you see something that initially you probably wouldn’t have noticed or seen. So the place of suffering and laughter in humour is a place that’s magical and… at least I think it’s honourable, totally. So to be able to laugh at one’s misfortune and laugh at one’s suffering, phew, that’s therapeutic. And this time, it’s not me who’s paying. Ha ha ha! It’s perfect! [00:41:09][74.8]
VO PM:
And I think I read in an interview that you said that your criminology background― sometimes you find it useful when you’re on stage. Is that right?
Garihanna Clip 8 :
[00:17:02] Absolutely. Yes, its… It’s very useful in the sense that in criminology, we’ve had the chance to study people’s psychology, people’s profiles. And it’s something I use wherever I go. And one thing I can say is that, in my art, even while remaining authentic in what I say, I’m able to adapt to the person I’m talking to. So I’m very chameleonic in that sense and very versatile too. And that, honestly, I don’t think that without having studied to understand people’s profiles, to understand people’s backgrounds, to have a certain empathy too because sometimes you say to yourself, “Ah but people are just stupid,” but in the end they’re not. When you take the time to sit down and understand why these people are the way they are, then you go, “Aha!” So here’s how I can bring the message without changing the message to make it more accessible to the listener. Because at the end of the day, humour is still a dialogue. The person who brings the message and the person who listens to the message must receive the message. But we need to be on the same wavelength. So, without having done those famous studies and having worked all those years in contact with― with people, all kinds of people, I don’t think I’d have had that artistic sensibility of being like water in a bottle. Sometimes I can be solid, sometimes I can be gaseous, sometimes I can be bubbly, sometimes I can be fluid. Right. But the message and essence remain the same. [00:19:02][110.1]
[120.1]
VO PM:
Do you see any differences in people’s reactions? Like whether it’s people from, say, the Haitian community, or people who are mostly White, or when the group is more mixed?
Garihanna Clip 9
[00:19:05] Absolutely, Absolutely. My goodness, I’ve been lucky enough in my job to travel to several countries, and I can tell you that Haitian laughter or Black laughter is unlike any laughter I’ve seen in my life.
Haitians laugh with their souls. I don’t know how to explain it, but you have to be in the room to understand. We laugh with our feet, our hands, our teeth, our hair, our heart, our chest, everything. So when we laugh, the laughter is genuine. People get out of their chairs when they appreciate it. They clap. They bang on the chairs. Crazy. It’s amazing how a room that’s predominantly Black, how the laughter resonates differently. It’s as if people are releasing a tension they’ve held inside themselves for so long. And that moment is when it all explodes. Versus when I go to an audience that is whiter and, to put it more specifically, more Québécois. People are polite. It’s a polite laugh, it’s laughter… We appreciate it, but we don’t want to express our appreciation too much. They’ll clap once in a while and then, well, that’ll be that. There’s more, there’s more code in the laughter than― versus when Haitians like it, or when Black people like it, they’re going to make the whole world feel it, and it’s important that the person at the other end of the planet knows that I like what I see and that I want this laughter to reach the other end of the planet. So the laughs are very, very, very, very different. There’s a laugh that’s visceral, there’s a laugh that’s more, that’s more from the head. Right. [00:20:54]
Music before going to outro
PM:
That was my conversation with Garihanna Jean-Louis. You can find her on instagram @garihanna. That’s g-a-r-i-h-a-n-n-a. You can stay up to date on her shows and other activities there.
Thank you for listening to Countless Journeys from the Canadian Museum of Immigration at Pier 21 at the Halifax Seaport. If you want to hear more stories like this one and help new listeners find our podcast, be sure to rate the show or leave a comment.
Out on music